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Début de campagne plutôt correct pour les cultures d’hiver

Au début de janvier 2025, les céréales à paille et le colza semblent être plutôt en bon état en France.

L’état des céréales à paille et des colzas est meilleur que l’année dernière, même si le potentiel reste à confirmer. Par endroits, les excès d’eau inquiètent.

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L’automne 2024 a été marqué par la douceur des températures, avec +0,8°C par rapport aux normales de 1991-2020, un manque d’ensoleillement de 15 %, et des précipitations excédentaires de 15 % d’après Météo-France. Même scénario ou presque en décembre, avec toutefois une pluviométrie un peu moindre. Et le début de l’année 2025 s’illustre déjà par de fortes pluies.

Avec ces conditions météorologiques, les chantiers de récoltes ont été fortement impactés. Dans certaines zones, des tournesols ont ainsi pourri sur pied et ont dû être broyés. Les maïs ont parfois été moissonnés très tard ou ne le sont pas encore. C’est le cas notamment sur la façade atlantique (Vendée, Poitou-Charentes par exemple) et dans une moindre mesure sur d’autres zones comme en Île-de-France ou dans les Hauts-de-France. Le dernier bulletin Céré’Obs de FranceAgriMer indiquait ainsi qu’au 2 décembre 2024, 94 % des surfaces avaient été récoltées, contre 99 % à la même date en 2023.

De meilleures conditions qu’en 2023

Cela a pu affecter par endroits la mise en place des céréales. Mais dans l’ensemble, les semis ont davantage pu être menés à bien qu’au cours de la campagne précédente. Selon le ministère de l’Agriculture, les surfaces de céréales d’hiver atteindraient 6,3 millions d’hectares. La superficie augmenterait sur un an, sauf pour l’orge et le blé dur, mais resterait toutefois inférieure aux moyennes quinquennales. Au 2 décembre, FranceAgriMer indiquait que 96 % des semis de blés tendres avaient été réalisés (contre 87 % à la même date l’an dernier), 99 % pour les orges d’hiver (94 % en 2023) et 78 % pour le blé dur (51 % en 2023).

Mais, compte tenu de la météo pluvieuse, notamment en octobre, il y a souvent eu plusieurs plages d’implantation. Dans ces conditions, les stades varient énormément en ce début de mois de janvier, avec par endroits des blés n’ayant pas encore levé, d’autres à 2-3 feuilles ou encore certains allant du début à la mi-tallage.

Dans le sud du territoire, il est rapporté « des semis de céréales souvent réalisés dans d’excellentes conditions » avec « des cultures qui ont bien levé ». Ailleurs, il peut y avoir des manques. Un opérateur de Vendée estime notamment que 10 % des surfaces de céréales n’ont pas été semées compte tenu, principalement, de conditions humides. Même constat en Bretagne ou dans la Région Centre, par exemple.

Le potentiel pourrait par endroits être dégradé par les pluies incessantes. (© Justine Papin/GFA)

Il est à noter que des surfaces d’orges d’hiver manquent également à l’appel au nord de la Région Centre ou en Lorraine. Un organisme stockeur de cette Région explique : « Il manque 50 % des surfaces d’escourgeon. Au-delà du 20 octobre, la plupart des agriculteurs n’ont pas voulu prendre de risque et il a été en grande partie remplacé par du blé tendre. »

Dans nombre de cas, les désherbages ont pu être mis en œuvre, souvent à la hauteur des semis, avec au moins des herbicides de présemis ou de postlevée précoce. « À cause des précipitations ou du gel (fortes amplitudes thermiques), des passages en moins ou des modifications de programme ont parfois eu lieu afin d’être moins agressifs. L’efficacité pourrait être moindre et on a des inquiétudes sur cette partie-là », informe malgré tout une coopérative du Centre-Val de Loire.

Fortes pressions de limaces

Du côté des ravageurs, les pucerons, et parfois les cicadelles, semblent finalement ne pas avoir causé énormément de problèmes cet automne. Seuls les semis les plus précoces ont parfois dû faire face à de fortes pressions et ont été traités. Les conditions météorologiques ont souvent été par la suite moins favorables à ces insectes.

En revanche, le problème récurrent de l’année a concerné les limaces, d’autant qu’il y a eu par endroits des ruptures de stock de molluscicides. « Je ne me souviens pas avoir vécu des campagnes comme celle-ci », juge un directeur terrain en Poitou-Charentes. Dans ces conditions, des parcelles sont « bien amochées avec des ronds détruits » comme en Bourgogne. Certaines, à la marge, ont pu être retournées. Mais dans la majorité des cas, les opérateurs estiment que les attaques ont été plutôt bien gérées.

Ces fortes attaques avaient d’ailleurs débuté sur le colza qui a pu, lui aussi, faire face à des pertes de pieds ou à des retournements sur certaines zones. Malgré tout, la crucifère semble s’être globalement bien implantée et développée. Le ministère précise : « Les surfaces semées seraient stables par rapport aux deux campagnes précédentes, à 1,33 million d’hectares, notamment en Centre-Val de Loire, première région productrice. Elles progresseraient en revanche de 8 % sur un an dans le Grand Est. »

Le colza d’hiver a toutefois pu faire face à une forte pression parasitaire par endroits, notamment d’altises d’hiver sur les jeunes pousses. « Elles ont plutôt bien été maîtrisées mais il reste des situations avec de grosses attaques sur de petits colzas qui végètent », confie un opérateur du Centre-Val de Loire. Les plantes bien développées (semis précoces, colzas associés, apport d’azote en début de cycle…) sont souvent beaucoup moins sensibles. Un autre spécialiste situé en Champagne-Ardenne souligne aussi une difficulté rencontrée parfois pour traiter avec Minecto Gold — dans les zones concernées par la dérogation — compte tenu de la présence quasi constante de la pluie et du vent.

Si l’ensemble les cultures d’hiver présente un aspect plutôt correct sur la ferme France, certains semis ont parfois été forcés (terres pas suffisamment ressuyées, par exemple). Des structures de sol sont donc dégradées.

Les terres les moins filtrantes commencent à baigner dans l’eau. En effet, lorsque les nappes phréatiques sont hautes (lire l'encadré), les pluies s’infiltrent plus difficilement dans les sols. Il y a donc de fortes inquiétudes au sujet de l’enracinement des céréales, comme des colzas, car des sols gorgés d’eau, peuvent être synonymes d’asphyxie racinaire. Un responsable agronomique souligne d’ailleurs que dans ce contexte, des températures basses pourraient aussi aboutir à du gel mécanique, et donc de pertes de pieds. Sur le terrain, tout le monde espère des conditions plus propices, avec surtout moins d’eau, dans les semaines à venir.

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